La langue française est une construction politique ; elle en garde l’un de ses traits de caractère : un amour immodéré pour la polémique. L’orthographe des mots, leur existence même à travers les différentes sédimentations du temps, a donné lieu à une implacable éradication progressive. Que nous reste-t-il du gaulois ? Qu’ont apporté les Francs ? Comment le gallo-roman perdure-t-il aujourd’hui ? Nos fameux ancêtres les Gaulois ne nous auraient légué que 150 mots, essentiellement dans le domaine agricole. Au fond, l’occupant romain a bien voulu prendre en compte les vocables « charrue », « bâche », « chasse », « caillou », « if », « chêne », « chemin », « alouette », « mouton »… On ne sait pas grand-chose du gaulois.
Le latin s’y mêle et enfante un latin vulgaire, du « petit nègre » aux oreilles d’un sénateur de Rome. Mais il ne s’agit là que d’une interprétation des linguistes à partir de l’évolution phonétique et syntaxique des mots… Les tribus franques qui fondent sur le nord de la France vont y apporter des transformations, au moins dans la prononciation : le « w » francique va devenir « g »… Les dialectes franciques auraient aussi transmis près de 1 000 mots encore en usage : la choucroute, l’arquebuse, la cible, la foudre, la quille, l’accordéon…
François Ier ou la langue du royaume
Et puis vint la décision politique majeure : imposer une langue au royaume à travers l’ordonnance de Villers-Cotterêts (192 articles quand on parle aujourd’hui de nos lois bavardes…) qui tient lieu d’acte fondateur…